Mobilisations | La lapidation d'une Iranienne annulée sous la pression internationale

Publié par Andrea SPerez | Libellés : , , , | Posted On jeudi 15 juillet 2010

09 juillet 2010 | Le Figaro | Par Delphine Minoui

Sakineh, une mère de famille de 43 ans, a échappé vendredi à la lapidation mais son sort reste incertain. 
[Photo non datée de Sakineh Mohammadi- Ashtahi. Crédits photo : AFP]

Au bout du fil, Mohammad Mostafa'i pèse ses mots. Contacté par téléphone à Téhéran, l'avocat de Sakineh Mohammadi- Ashtahi, condamnée à la lapidation pour adultère, aimerait se réjouir de ce communiqué de dernière minute diffusé par l'ambassade d'Iran à Londres. Il y est écrit, noir sur blanc, que la peine de sa cliente - initialement prévue vendredi - ne sera finalement pas exécutée.
«De toute évidence, la mobilisation a porté ses fruits », dit-il. Ces derniers jours, la communauté politique internationale n'a cessé de multiplier les déclarations, s'insurgeant contre cette pratique «barbare» et «moyenâgeuse» qui continue de sévir en République islamique. Une lettre ouverte signée par d'importantes personnalités - parmi lesquelles Condoleezza Rice ou encore le Prix Nobel de la Paix Jose Ramos-Horta - a également fait le tour de la planète. Pourtant, si les autorités iraniennes semblent avoir légèrement plié face à la pression extérieure, le sort de cette mère de famille de 43 ans, originaire de Tabriz, reste encore largement incertain.
« Le communiqué est ambigu», s'inquiète l'avocat. « Il ne précise pas si la peine de ma cliente a été remplacée par une autre peine, comme la pendaison, par exemple. Il ne dit pas si elle va être libérée, ou bien si elle doit se préparer pour un autre jugement. » De plus, rappelle-t-il, «c'est le pouvoir judiciaire qui doit trancher dans cette affaire, et la déclaration d'une ambassade n'est pas suffisante ».

Pratique «inhumaine»
S'il doute de cet apparent geste de clémence, c'est aussi parce qu'en tant que représentant légal de l'accusée, il n'a ni été informé de cette nouvelle décision ni pu la vérifier - l'administration iranienne étant actuellement fermée pour quelques jours de vacances. «Il me faut attendre lundi, jour de la réouverture du tribunal, pour espérer recueillir plus d'information », poursuit-il.
Largement médiatisée, en partie grâce à la mobilisation de son fils, Sadjad, 22 ans, et de sa fille, Farideh, 17 ans, l'affaire Sakineh est apparue au grand jour lors de sa condamnation, en 2006, à la lapidation - une peine confirmée un an plus tard par la Cour suprême. Reconnue coupable d'adultère, elle a déjà reçu 99 coups de fouet.
Pour l'heure, les organisations de défense des droits de l'homme restent sur le qui-vive.

AFP via Google Actualités | Il y a 3 jours (consulté le 15 juil. 2010)

TEHERAN La justice iranienne a décidé de suspendre l'application de la peine de mort par lapidation prononcée contre une femme de 43 ans notamment reconnue coupable d'adultère, a annoncé dimanche l'agence officielle Irna, citant un responsable judiciaire.

"Bien que le jugement soit définitif et applicable, le verdict a été suspendu pour des raisons humanitaires et sur ordre (...) du chef de l'autorité judiciaire et il ne sera pas appliqué pour le moment", a déclaré Malek Ajdar Sharifi, responsable judiciaire pour la province d'Azerbaïdjan oriental.
Sakineh Mohammadi-Ashtiani a été condamnée à mort en 2006 pour "adultère", mais aussi "meurtre et crimes", selon Irna.
Sa peine a été confirmée en 2007 par la Cour suprême, mais une vaste campagne internationale cherche actuellement à lui éviter ce châtiment.
Cité par Irna, Malek Ajdar Sharifi a souligné que la décision de ne pas appliquer la peine demeurait temporaire, et que les crimes dont avait été reconnue coupable Sakineh Mohammadi-Ashtiani étaient "atroces".
"Si à n'importe quel moment le chef de l'autorité judiciaire le juge opportun, le verdict sera appliqué sans tenir compte de la propagande des médias occidentaux", a affirmé ce responsable provincial.
Mme Mohammadi-Ashtiani n'est "pas seulement accusée de relations illégales, mais a commis de nombreux crimes atroces", a dit Malek Ajdar Sharifi, l'accusant notamment du meurtre de son mari.
"Si nous devions détailler les crimes commis, le public comprendrait l'inhumanité et le caractère criminel" de cette femme, a-t-il ajouté.
"Le meurtre de son mari est tellement horrible que se contenter de lui trancher la tête aurait été mieux que ce qu'elle a fait", a-t-il déclaré.
La défense affirme, elle, que Sakineh Mohammadi-Ashtiani a été reconnue coupable de "complicité" dans ce meurtre "car elle se trouvait dans la maison" au moment des faits. Elle ajoute que ses enfants l'ont pardonnée.
En Iran, si la famille de la victime pardonne l'accusé, celui-ci peut être pardonné ou condamné à une peine de prison s'il s'agit d'un meurtre.
Vendredi, le chef du bureau des droits de l'Homme de la justice, Mohammad Javad Larijani, avait indiqué que la peine de lapidation était en "cours de révision". "Elle a été condamnée à 90 coups de fouet par un tribunal et à la lapidation par un autre, le verdict est en cours de révision", avait-il dit.
Mais l'avocat de l'Iranienne avait déclaré samedi ne pas avoir été informé. "Il n'y a aucune garantie qu'il y aura un arrêt", avait avancé Mohammad Mostafai.
Mme Ashtiani a été condamnée le 15 mai 2006 pour avoir eu "une relation illégale" avec deux hommes après la mort de son mari. Elle a reçu des coups de fouet, conformément à sa sentence.
La sentence de lapidation a suscité de nombreuses condamnations de par le monde, Washington et Londres en tête.

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